dimanche 16 janvier 2011

"Changer structurellement l'école" : les propositions de Bruno Julliard

Le fil Twitter de Bruno Julliard, responsable du PS, en charge des questions éducatives, renvoie ce dimanche soir vers son intervention à l'Université Populaire Participative au Théâtre du Soleil le 15 janvier 2011 sur le thème "Quel avenir pour l'éducation?"


J'ai transcrit le plus fidèlement possible le discours développé dans cette intervention, d'une part car la qualité sonore n'est pas très satisfaisante, d'autre part pour permettre une lecture transversale et ouvrir le débat. 


Bruno Julliard


En introduction, Bruno Julliard commente Pisa et explique les résultats français par la politique gouvernementale :
  • ségrégation scolaire est amplifiée par l'assouplissement de la carte scolaire, alors que PISA pointe déjà la France pour ce problème
  • moins de professeurs et de moyens, par exemple 15% d'investissement en moins par élève en primaire comparé aux pays de l'OCDE
  • semaines de 4 jours, fin de la scolarisation des enfants de deux ans
  • augmentation du nombre d'élèves par classe
« La droite a amplifié les inégalités scolaires, mais les difficultés du système scolaire sont beaucoup plus profondes que les conséquences de la politique actuelle, structurellement (applaudissements). Selon pisa, à investissement légèrement supérieur, nous avons des résultats légèrement inférieurs à la moyenne des pays de l'OCDE. Ce n'est donc pas qu'une question de moyens et il ne suffira pas de dire qu'il suffira de revenir sur la totalité des mesures prises par la droite. »

« Nous devons proposer un projet de rupture éducative. Trois points de rupture :
  • premier point de rupture, c'est le caractère profondément élitiste et sélectif de notre système éducatif (applaudissements). On voit notre système de notation complètement archaïque à l'école primaire, par la sélection à tous les échelons de notre système éducatif, qui n'est finalement organisé que pour former des élites dans les classes prépa et les grandes écoles (applaudissements). Deuxième problème, aucun sort n'est réservé à ceux qui sont en situation d'échec. A propos de l'expression d' « élitisme républicain », BJ se demande ce qu'il y a de républicain dans un système qui laisse sortir tous les ans 150000 jeunes sans qualification scolaire. Une seule conséquence, la reproduction des inégalités sociales (applaudissements). Cet élistisme et cette compétition scolaires sont très ancrés dans la société (il prend l'exemple de la proposition de Coppé d'introduire un examen en fin de primaire pour entrer en collège) et il faut donc préparer un changement culturel. Une autre école est possible, mais les fondements sont à rénover.
  • La lutte contre l'échec passe par tous les acteurs du système éducatif, et non pas seulement du système scolaire. La réussite de tous est atteignable. Avec l'objectif en fin de scolarité obligatoire du socle commun de connaissances et de compétences, nous inversons la charge de la preuve, en faisant au c'est à l'école elle-même de s'adapter pour faire accéder ses élèves à ce socle de connaissances et de compétences (applaudissements). La réussite ne doit pas être que la réussite scolaire, traditionnelle et disciplinaire que nous entendons.
  • Il faut donc proposer un projet qui ne soit éducatif et non pas uniquement scolaire, en s'adressant à l'éducation populaire qui souffre, aux associations de quartiers qui font un travail éducatif (applaudissements), aux associations culturelles. »
« Le problème est qu'en 2012 nous devrons faire des choix, et que tout ne sera pas possible pour des raisons budgétaires. Il faut donc travailler à la priorisation.
  • Pour moi la première des priorités sera la scolarité obligatoire, en mettant le paquet sur le début de cette scolarité, qui intègre la maternelle, avec même un droit pour les enfants de deux ans avec une passerelle vers un service public de la petite enfance digne de ce nom. Il faut en finir avec la semaine des 4 jours, bien que populaire pour certains, mais qui creuse les inégalités. Ensuite, c'est la transformation radicale du collège, qui ne peut plus être organisé comme ce petit lycée qui trie et sélectionne les élèves, mais qui doit d'abord être la continuité de la scolarité obligatoire et donc la continuité de l'école primaire. Il faut dans ce sens donner plus de pouvoirs aux équipes éducatives des collèges (il ne prononce pas le mot d'autonomie).
  • L'autre priorité sera de rétablir la formation professionnelle initiale et continue de tous les professionnels de l'éduccation, et pas seulement des enseignants. La formation continue doit être obligatoire pour s'adapter aux résultats des recherches pédagogiques, pour d'adapter à un monde qui change, mais aussi pour l'avenir même de ces enseignants. Cette formation professionnelle est associée à la mobilité des enseignants (point à éclaircir).
  • Troisième priorité, la question des ZEP et des établissements en grande difficulté. Il faut rétablir la carte scolaire tout en évitant la ghettoïsation de certains quartiers, et donc revoir cet instrument de sectorisation. Il faut alors revoir la question des moyens attribués aux établissements en fonction de cette question de la mixité nécessaire à la réussite du système scolaire (applaudissements) »
En conclusion, Bruno Julliard bat en brèche l'idée du conservatisme enseignant, qui ne voudrait pas faire changer les choses. Beaucoup d'équipes enseignantes, notamment dans des établissements innovants, attendent le vent du changement. Les refus de certaines d'années s'expliquent pour BJ par avant tout la régression sociale des réformes entreprises par le gouvernement de droite. BJ est convaincu qu'en redonnant le contenu de progrès scolaire et social au projet éducatif, les enseignants suivront les réformes.
« Si on devait résumer le projet socialiste de 2012 pour l'école, ce serait de dire que la réussite scolaire ne doit plus être l'exacte symétrie des origines sociales et culturelles des jeunes (applaudissements). On ne peut plus se satisfaire d'améliorations à la marge, de quelques pansements sur un système qui structurellement ne va pas bien, où il faut mobiliser des moyens, mais surtout qui doit être l'engagement politique majeur de tous les responsables politiques de la gauche (applaudissements). »

Sur le blog Prof en Campagne, d'autres interventions en vidéo sur la question éducative lors de cette Université populaire éducative

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